sábado, 22 de febrero de 2014

DIDIER MANYACH / POEMAS

DIDIER  MANYACH

POEMAS Y COLLAGES 
http://blockhaus.editions.free.fr/Galerie.htm



Gare de New-Delhi-printemps


ODE
extraits
1
Tout au fond
du corps & de la langue :
le silence d’une braise sans fin
qui retombe dans le vide
comme des pétales
sur la nuit
et sous cette voûte blanche :
une ombre crevassée
par le gel
remonte à la surface du gouffre.
Le temps cristallisé
comme du gypse
sur des moraines
de chaux vive
dans l’estuaire
du néant .

Celà est au bord du fleuve
où l’on ne pénètre qu’une fois
au-dessus des porteurs de torches
l’aurore lentement déshabille
le cadavre du monde
sur la barque qui dérive
Celà
est happé dans les voiles
du feu
par un cristal
au sommet du crâne
et au centre de l’univers
échoué
sur la rive .

De quel côté de la berge
et de ses jardins
qui descendent vers les eaux pourpres
signaler
la disparition du réel ?

Je marche dans le feu de cette aurore boréale
où le verbe prend la chair
et l’inonde de sa semence
comme un cri qui se retourne et dévore
toute la substance
toutes les offrandes
je marche de l’autre côté d’un monde
où le silence plante ses griffes
de soif et de faim
sur l’illusion et le mensonge .

Là -bas
dans la continuité lointaine de l’univers
où mille yeux apparaissent
dans la vue
se perdent & se retrouvent
comme une étoile
qui garde sa lumière
dans la pupille incrustée
par un soleil noir :
on trouve l’eau pure
dans les sables d’une molécule décharnée
dans un rêve qui tourne mal
au fond d’une citerne
remplie de fleurs pourrissantes
on trouve des membres disloqués
et d’oranges luminescences
dans une forêt de santal incendiée
qui marche vers la nuit
Là-bas
quand l’incarnation se réalise
dans la fécondation

arbres,cristaux,images & paillettes de sperm,nuée du coma
ce qu’il reste du voyage
& du commun des mortels
des mots,du sang séché,l’ardoise des os,des ravines vides.

ET DES CORPS REMONTENT DANS DES DRAPS DE LANGUE ET DE CRUAUTE BRÛLANTE CALCINES ET BEANTS SUR DES FATRAS DE SUIF ET DE LIES QUI VOMISSENT LEUR FUMEE AU-DESSUS DES CADAVRES & DES EMBOUCHURES..........

2
Je te cherche dans la nuit des lépreux
dans la nuit
des malades survivent
des têtes de mort clignotent
dans la chaleur
Des linges mystiques maculés
d’humeurs
de sang
de boue
d’urine
recouvrent des fœtus
on les emporte dans des taxis défoncés
je te cherche dans la ville suintante
où les dieux ricanent
et se multiplient
dans les miroirs brisés
il n’y a plus d’air
des bras coupés saluent les trains
j’ai un ventre jaune
dans ma valise en fer
et des médicaments périmés
contre la fièvre
j’ai vu la petite mendiante
dans la jungle
avec le visage de la variole
elle tenait un singe dans ses bras
et portait une fleur sur le front
je remonte le fleuve des migrations
la mousson des âmes
dans les rues mal éclairées
et malfamées
les villes affamées
où le corps est une viande
où la langue s’allonge
se déroule
se heurte au trafic
et se cabre dans un bordel
Des chevaux éventrés puis recousus
s’endorment épuisés
devant les gares
je te cherche dans l’explosion d’une cellule
dans l’état d’un nerf
dans le soleil se levant sur le fleuve
avant l’apparition d’une image
avant et après les mots
dans un lotus
et entre les mains des sages
le jour lave les saris et les morts
le jour fait saigner l’orange
dans mes gencives
mes dents se brisent à trop mordre le réel
jusqu’au sang
j’ai cherché jusqu’à l’aube un signe
une lumière fragile
dans tous les lieux de la ville
les recoins de l’âme
et de l’être
je me suis brisé à toutes les vitres
à toutes les rencontres
je brûle quelque part
au bout d’une route
dans un linge blanc
sur un brasier de fleurs …

3
Dans un carré mental
deux cannes blanches
dans un soleil dévasté
quelques bouts du monde
dans une fosse dans la roche
les ossements d’Ulysse
le visage de personne
des silhouettes d’hommes
errant à contre-jour
& dans un temple une lampe
au milieu d’une roue
immobile.
Tout au fond du corps et du réel :
les illusions volent en éclats
sur les trottoirs
parmi les mendiants
qui râlent
entre la gare
& le centre ville
je marche dans un monde de mort et de maladie
où retombent dans le vide
des pétales de fleurs-
« n’entendez-vous pas cette clameur venue de tous les coins
de l’univers?N’entendez-vous pas cette clameur de la vie qui
appelle et cherche à s’incarner dans le monde ? »
LES DIEUX ERRANTS

              retombent dans le vide avec des pétales de fleurs
              et des colliers de braises.
              Et des pierres de foudre.
              Avec des tridents remontent vers le jour
LES DIEUX ERRANTS...
Comme les mots dans la langue
cette clameur au-dessus de la ville et dans la terre
où je marche
vient échouer comme un cadavre sur la berge
une offrande de fruits et de fleurs
au bord du fleuve .
Odeurs de cendres dans un carré mental bris du monde dans le soleil blanc dans l’oeil éventré du cheval mangé dans la fosse d’Ulysse masques arrachés du karma et dans le réel une
roue qui tourne sans fin comme une lampe allumée au-dessus
du coma .


4
Longue attente
un mot de plus
sur le parapet
des lèvres
à marcher
vers l’écho
dans un brouillard
matinal
attendre quoi
attendre qui
buvant du thé
brûlant
les mots
un pas de plus
et je tombe
sur les rails
avec ceux qui dorment
             sur la voie ferrée
                                                 traversée
par un train rempli
              de dieux errants
         
           K
           A
       R M A
       A M R
           A
           K
               l’ombre de la lumière
dans la lumière des dieux
qui marchent sans fin
dans la terre.....
J’attends une parole
un moindre geste
dans l’écart du vent
comme un animal
au bout des lèvres
traque les syllabes
sacrées
qui se volatilisent
dans l’air
ravalé
d’un mot expié
je troue la langue
pour qu’il fasse jour
dans l’ombre
de l’être
qui chute
dans le vide
                    au milieu d’une ville
                                                     hantée
                     par tant de revenances
                                             et de dieux gisants
          
                K
                A
              RMA
              AMR
                 A
                 K
                     L’ombre de la lumière
dans la lumière des dieux qui marchent
sans fin dans la terre...
attendre qui
attendre quoi
hors du temps
qu’elle se révèle
ou une fin
en soi
transfigurée
une lampe
sur le bord
d’une route
un matin
au milieu
des mendiants
ceux qui réclament
l’amour
en aumône
ceux que les trains
écrasent .
Ceux que les dieux n’ont pas voulu
                                                 sur terre
et qui ne verront
jamais le jour
                                                 ni la lumière
ceux qui marchent sans fin
dans la nuit polaire
des hommes
                                                 et les décombres
des dieux.....                             sur terre

broyés par la roue par les dents de la maladie et de la misère
par l’injustice du
                    K
                    A
                  RMA
                  AMR
                    A
                    K
rendus silencieux par la langue recrachés par le sang du corps comme du bétel comme du bétail....
Ne plus attendre
et sans plus rien
de l’Etre
partir
ne plus rien
attendre
de quiconque
et de quoi
que ce soit
ni du monde
ni des trains
ni des dieux
sans plus
attendre
partir encore
sans personne
sans moi
SANS RETOUR.
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Issu d’une famille de musiciens itinérants en Catalogne nord Didier Manyach a participé à la plupart des revues de poésie entre 1977 et 1990
a publié:
Des rives d’encre (préface Victor Crastre)
Migration piraterie & merveille de grâce - remontés des fond (ed blockhaus)
Impacts de foudre (ed albatros)
Sous les pluies de mangue (totem-éléphant)
Bulletins d’alerte (barrio chino)
Bulletins atmosphèriques (Serpent vert)
Géométrie de la mort (Serpent vert)
Claude Massé Collages en Têt éditions K’